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MGDA WINNERS | Entretien avec METAA, Premier Gagnant du Manni Group Design Award : Detroit Waterfront District

METAA est l'équipe française du projet vainqueur de la précédente édition du concours MANNI GROUP DESIGN AWARD. Il s'agit d'un jeune studio d'architecture multiculturelle qui se compose de Clément Meynard, Thomas Labarthe, Sergey Guichard et de Jung Hwan Kim. Leur objectif : se développer dans les domaines de l'architecture, de l'urbanisme et du paysage au sein des pays d'origine des membres fondateurs. Le projet qu'ils ont présenté consistait à dessiner un horizon en cuivre sur les quais du Detroit Waterfront District. Ils l'ont dénommé Garden Rift Tower.

Durant cette entretien, les membres racontent l'aventure de leur participation à ce concours d'architecture. Ils transmettent ainsi leur expérience à ceux qui se présentent pour cette nouvelle édition du MANNI GROUP DESIGN AWARD: GHANA INNOVATION FARM.

Dans cet entretien, vous trouverez :


 

ISOPAN : Pouvez-vous expliquer ce qu’est atelier metaa ?

METAA : atelier metaa est une jeune agence d’architecture qui s'est construite il y a un peu plus d'un an sur la base d'une identité multiculturelle. Composée de quatre membres (Clément Meynard, Thomas Labarthe, Jung Hwan Kim et Sergey Guichard). L’agence vise à se développer dans les domaines de l’architecture, de la ville et du paysage principalement en France, en Russie et en Corée du Sud qui sont les pays d’origine des membres fondateurs.

L'architecture est un art habité. C'est au travers des processus de conception et de réalisation que l'architecture passe du stade d'une idée dessinée sur un croquis à l'état physique. En tant qu'architectes, nous voyons la compréhension de l’environnement, des cultures, et de l’histoire des territoires d’intervention comme la condition pour proposer des projets d’architecture situés, durables et responsables.

Le projet est un temps de découverte, de partage et de rencontre que nous avons souhaité matérialiser sous la forme d’un atelier : l’atelier metaa « meta – architecture ».

Le nom que nous avons choisi en utilisant le préfixe « meta », reflète notre désir de voir la pratique de l'architecture comme une réflexion en évolution constante et de mettre en avant la méthode et le processus dans le projet d'architecture, que nous voyons comme un domaine multiculturel et pluridisciplinaire. C’est dans la rencontre entre différentes disciplines et des pratiques culturelles comme l’histoire, les sciences de la construction et de l’environnement, la musique, le cinéma ou encore la gastronomie que le projet d’architecture apparaît.


ISOPAN : Comment avez-vous décidé de participer au concours MGDA – DETROIT WATERFRONT DISTRICT ?

METAA : Le confinement lié à la COVID 19 nous a permis de prendre du temps pour réfléchir à des problématiques que nous souhaitions aborder et au moment où le sujet du concours a été publié sur le site de la Young Architect Competition, nous étions à la recherche de concours sur lesquels travailler.

Nous connaissions la YAC depuis un certain moment et nous regardions régulièrement le site pour prendre connaissance des éditions en cours. Le Concours de Détroit à été l’occasion pour nous d’exprimer et expérimenter notre travail sur une échelle importante.

Effectivement, le sujet proposé pour le concours DETROIT WATERFRONT DISTRICT soulevait des problématiques à la fois architecturales, urbaines et paysagères.

Détroit est une ancienne ville industrielle frontalière avec le Canada qui a été fortement frappée par une crise économique. Cependant, sa position géographique au bord du fleuve reliant le Lake Huron au Nord et le Lake Erie au Sud représente un grand potentiel pour le développement futur de la ville.

Situé à l'Ouest de la Detroit Riverwalk, le site de projet bénéficie d’atouts et de contraintes notables et représentatifs de la situation générale de Détroit. Les grandes respirations paysagères vers le fleuve et la connexion aux quais paysagers au sud représentent de véritables avantages alors que les nœuds d’infrastructures et le grand centre d’exposition au Nord Est créent des limites brutales entre le site et le centre-ville.

De quelle manière faire de ce lieu un nouvel espace public dynamique et connecté à la ville ? De quelle manière un nouveau bâtiment le long du fleuve pourrait-il requalifier l'extrémité Sud Ouest de la Detroit Riverwalk ?

Composer une pièce urbaine aussi importante dans un site aussi fort et complexe nous a tout de suite semblé représenter un défi à relever.


ISOPAN : Qu'est-ce qui a été le plus compliqué au moment de la soumission de la proposition? Aviez-vous d'autres options que celle que vous avez présentée ?

METAA : Notre équipe est très soucieuse de l’ancrage d’un projet d’architecture dans son contexte. Nous voulions dessiner un projet situé et connecté à son environnement et à son histoire, qui apporte un complément à la ville existante et qui soit connecté à sa structure urbaine, paysagère et culturelle.

La limite créée par les infrastructures au Nord de la parcelle a représenté un élément compliqué à prendre en compte dans le dessin de notre projet. Nous avons pu aboutir à une proposition finale après plusieurs dizaines d’essais et de modélisations architecturales qui n’étaient pas satisfaisantes du fait qu'elles étaient trop peu connectées à la maille structurelle de la ville.

Afin de trouver une solution qui nous convenait et qui répondait à la problématique du concours, nous avons dû voir au-delà des infrastructures et des limites physiques qu'elles représentaient. Si nous voulions faire une pièce urbaine structurante à l'échelle de la ville, nous devions connecter le projet à des invariants structuraux déjà présents, c'est-à-dire des éléments solides du tissu urbain.

C’est finalement en étudiant l’histoire de la ville et l’évolution de son tracé que nous avons pu dessiner la version finale de notre projet : The Garden Rift Tower. Ce projet se traduit spatialement par un parc aérien en continuité du Detroit Riverwalk, brisé en deux par une faille créée par la projection de l’une des artères historiques principales de l'ancien plan en étoile de la ville : Le Washington Boulevard.

 

ISOPAN : Que pensez-vous de la construction industrialisée en architecture ?

METAA : L'industrialisation de la construction en architecture est un phénomène qui se développe de manière exponentielle depuis la première révolution industrielle du XIXe siècle. L'industrialisation a révolutionné les domaines économiques, constructifs et techniques en architecture. De nouveaux matériaux sont utilisés, de nouvelles méthodes de mise en œuvre sont mises en place pour créer des pièces architecturales avec de nouvelles échelles. De plus, les procédés de préfabrication en usine se développent afin d'optimiser la maîtrise du chantier.

Aux Etats-Unis, cette période marque le début de la construction des tours en acier, représentatives du paysage actuel des plus grandes villes du pays.

En France, l'industrialisation a aussi vu naître des bâtiments structurants considérés aujourd'hui comme des pièces architecturales patrimoniales telles que les gares, les grands centres d'exposition, les grandes infrastructures ou encore de nombreux grands bâtiments industriels.

L'industrialisation change le rapport que l'on entretient avec le temps. Tout est optimisé dans un but de rationalisation, d'efficacité et d'économie.

Bien que l'industrialisation soit un phénomène permettant de réaliser de grandes avancées dans le domaine de l'architecture par le biais de l'expérimentation et de l'innovation, elle ne devrait pas s'imposer pour autant sur les pratiques locales.

En effet, le risque d'une industrialisation de masse serait de voir disparaître peu à peu les composantes architecturales culturelles propres à chaque territoire. Les façons d'habiter, de construire, de vivre et de se déplacer propres à une culture nourrissent le projet et sont pleinement intégrés à nos processus de conception.

Ainsi nous pensons qu’un équilibre doit exister pour que l’architecture garde toute sa liberté. L'industrialisation peut avoir certains avantages importants tant qu'elle ne limite pas les acteurs du projet à la fois dans les processus de conception et de réalisation.

Dans le cas du projet de la GARDEN RIFT TOWER, la mise en place de certains procédés industriels ne serait pas en rupture avec la narration du projet vis à vis de l’histoire du site. En effet, l’échelle du projet et la complexité volumétrique de la façade impliqueraient, notamment, la création de procédés de préfabrication complexes en usine pour être mis en œuvre.

 

ISOPAN : Comment s'est déroulé le processus d'intégration des solutions de construction d'Isopan dans le projet ?

METAA : Une fois que nous avions trouvé la narration que nous désirions raconter au travers du projet, nous avons pu commencer à concevoir son architecture. Nous voulions que la GARDEN RIFT TOWER soit construite en métal afin de nous insérer dans l’histoire industrielle du site et faciliter la fixation des grandes lames de cuivre en façade. De plus, l’idée forte du projet était de prolonger le parc des quais jusqu’à l’intérieur du projet et ainsi créer une série de parcs et de jardins suspendus. C'est après avoir effectué des recherches sur les principes constructifs et les complexes de toitures végétalisées proposés par Isopan que nous avons pu trouver les réponses aux problématiques techniques soulevées par nos principes architecturaux et paysagers.


ISOPAN : Qu'est-ce que la participation à ce concours a apporté à chacun d'entre vous en 2/3 mots ?

METAA : La participation au concours DETROIT WATERFRONT DISTRICT nous a donné l’opportunité de concevoir un projet complet tant à l'échelle de la ville qu'à l'échelle du détail constructif.

De plus, c’était la première fois que nous étudions un projet aux Etats-Unis. Se confronter aux structures urbaines représentatives des grandes villes Américaines fut une expérience très enrichissante.

Bien que difficile à appréhender au début du processus de réflexion, ce site en suspens au bord du fleuve est le parfait endroit pour témoigner de l'histoire industrielle de Détroit et pour s'interroger sur la problématique des limites physiques créées par les infrastructures routières et ferroviaires dans les villes d'aujourd'hui.

 

ISOPAN : Vous présenterez-vous à cette nouvelle édition de GHANA INNOVATION FARM ?

METAA : Le sujet du concours GHANA INNOVATION FARM est très intéressant et nous a beaucoup attiré. Cependant, nos projets actuels ne nous laissent pas assez de temps pour nous présenter et soumettre une proposition architecturale.

 

ISOPAN : Quels conseils donneriez-vous à ceux qui envisagent encore de participer ou qui préparent encore le projet ?  

METAA : Participer à des concours d'idées est une opportunité pour concevoir des projets d'architecture, d'urbanisme et de paysage expérimentaux et innovants.

Nous pensons aussi que le moment du concours permet de mettre en avant le côté pluridisciplinaire de l'architecture. C'est pour cela que nous trouvons intéressant de mettre en avant le travail en groupe avec des collègues architectes, étudiants ou d'autres professionnels issus d'une autre discipline. De plus, nous conseillons de toujours étudier l'histoire du lieu afin d'en apprendre sur l'évolution de son territoire, mais aussi pour découvrir ses cultures et ses traditions.

C'est de la bonne connaissance d'un lieu et de la confrontation des idées que le débat peut naître et aboutir à une réponse architecturale située et en adéquation avec le site.

 

Si vous souhaitez participer au MANNI GROUP DESIGN AWARD: GHANA INNOVATION FARM, ou si vous désirez en savoir plus sur ce concours, cliquez ici.